Le mot syndrome est le terme médical pour désigner un ensemble de signes ou de symptômes reliés à une cause commune. Le syndrome de Cornelia de Lange (SCDL) vient du nom du Professeur Cornelia de Lange, pédiatre hollandaise qui a écrit, en 1933, un article décrivant deux enfants. Il est parfois appelé le syndrome de Brachmann - De Lange ar le Docteur Brachmann décrivit un patient similaire en 1916.
Le SCDL est un syndrome congénital. Cela signifie qu'il est présent à la naissance mais peut ne se manifester que peu à peu, ce qui rend parfois difficile un diagnostic immédiat. Un enfant ne présente pas nécessairement tous les signes ou symptômes.
C'est un symptome rare. Sa fréquence est de l'ordre de 1 pour 20000 naissances. Il n'existe pas de critère unique pour établir un diagnostic définitif. La variabilité en est telle que seul un généticien expérimenté ou un médecin familiarisé avec le syndrome peut l'évoquer.
Définition du syndrome dans l'Encyclopédie Orphanet du Handicap
OUI
De nombreux médecins appellent syndrome de Cornelia de Lange "classique" la forme sévère et "modéré" la forme qui touche les enfants moins sévèrement atteints.
Deux équipes anglaise et américaine ont simultanément publié dans Nature Genetics 2004 l'identification de mutations dans le gène NIPBL "Nipped B Like" chez des enfants présentant un syndrome de Cornelia de Lange. Ce gène est localisé en 5p13.1 et comporte 47 exons. Il code une protèine à fonction inconnue jouant probablement un rôle dans l'appariement des chromatides.
L'équipe américaine a étudié 30 enfants et identifié 6 mutations (4 cas sporadiques, 2 cas familiaux : mosaïque germinale) (Krantz et al,2004). L'équipe anglaise a étudié 45 patients et identifié 9 mutations (Tonkin et al,2004). A l'hôpital Necker nous avons étudié 14 enfants. Cette à compris :
Nous avons identifié 7 anomalies :
Cette étude confirme que des mutations du NIPBL sont identifiés dans 30-35% des cas mais qu'il existe une hétérogénéité génétique (publication en cours, Borck et al). La poursuite des études cytogénétiques poussées en cas d'exclusion d'une mutation dans NIPBL est essentielle mais ces études sont longues et coûteuses. Des recherches sont en cours pour comprendre la fonction de NIPBL et identifier d'autres gènes impliqués dans le SCdL.
Dr Valérie Cormier-Daire, Département de Génétique Médicale, Hôpital Necker, 149 rue de Sevres - 75015 Paris
Une équipe de chercheurs et de médecins italiens a annoncé, au mois de mai, l'identification d'un nouveau gène impliqué dans le syndrome de Cornelia de Lange (SCdL). Cette découverte importante a mis en évidence l'existence d'une famille de gènes dont le dysfonctionnement pourrait être à la base du SCdL et permettra à moyen terme une meilleure compréhension du syndrome.
On savait en effet depuis 2004 que des petits changements (appelés "mutations" par les généticiens) dans le gène NIPBL peuvent être la cause du SCdL. Ces changements apparaissent accidentellement chez l'enfant atteint, ce qui explique l'extrême rareté de récurrence du syndrome dans une fratrie.
Or, des recherches menées dans différents laboratoires dans le monde, dont le Département de génétique à l'hôpital Necker-Enfants Malades à Paris, ont montré qu'un changement dans le gène NIPBL ne peut être identifié que chez des 40-50% des individus atteints. Ceci ne voulait toutefois pas dire que les autres enfants n'ont pas de SCdL. En effet, le diagnostic du SCdL est un diagnostic clinique, c'est-à-dire un diagnostic qu'un généticien expérimenté peut poser après un examen clinique. L'absence de changement dans le gène NIPBL chez plus de la moitié des enfants suggérait donc qu'un ou plusieurs autres gènes étaient impliqués dans le syndrome.
L'équipe italienne a en effet trouvé des changements dans un autre gène appelé SMC1L1 chez deux garçons atteints et chez qui l'analyse du gène NIPBL avait été normale. Retenons deux aspects importants de ces recherches :
Il est encore trop tôt pour dire définitivement s'il y a des différences cliniques entre des enfants qui portent un changement dans l'un ou l'autre des deux gènes. Notons cependant que plusieurs des garçons suivis par les médecins italiens ont une forme plutôt modéré du syndrome avec un poids et une taille plus élevés que chez la moyenne des enfants atteints.
En conclusion:
Dr Valérie Cormier-Daire, Département de Génétique Médicale, Hôpital Necker, 149 rue de Sevres - 75015 Paris
D'autres anomalies liées au SCdL peuvent se rencontrer : anomalies du coeur, des reins et des voies urinaires, parfois des organes génitaux.
Ces anomalies n'ont rien de spécifiques et peuvent se retrouver dans d'autres maladies génétiques. Seule la combinaison des différents signes permet à un médecin averti de poser le diagnostic.
Deux autres problèmes très importants liés au SCdL doivent être pris en compte :
Les personnes touchées par le syndrome de Cornelia de Lange sont habituellement atteintes d'un retard mental, mais il existe une très grande variabilité dans la sévérité de ce handicap intellectuel.
On trouve généralement un décalage des acquisitions :
Un suivi médical et une éducation adaptée aux difficultés de chaque enfant permettent d'avoir de bonnes perspectives d'évolution.
Le SCdL n'est pas une maladie évolutive ni dégénrative.
L'environnement familial doit être un partenaire actif dans la prise en charge éducative et (para)médicale de l'enfant, afin d'en assurer une meilleures efficacité.
Il existe parfois un risque d'épilepsie qui nécessite un suivi en neuropédiatrie.
Des troubles du comportement peuvent être associés au SCdL et bénéficier des conseils d'un pédopsychiatre.
Il est très important que les enfants puissent bénéficier d'une prise en charge précoce qui repose sur un trépied de soignants paramédicaux :
L'orthophonie est un élément fondamental de la prise en charge pour tous les enfants porteurs de ce syndrome si l'on souhaite qu'ils puissent développer tous leurs potentiels.